Une étude multidisciplinaire pour évaluer les impacts des démarches d’éco-productions audiovisuelles
L’objectif de l’étude est de mesurer l’impact de l’éco-production, dans ses dimensions organisationnelle, sociologique, financière, mais aussi environnementale.
Pour cela, un consortium de chercheurs provenant de plusieurs laboratoires de recherche ont étudié 45 productions audiovisuelles ayant utilisé le référentiel du Label Ecoprod durant l’année 2023.
Le Référentiel du Label Ecoprod, est constitué d'actions concrètes à mettre en place dans la fabrication d’œuvres audiovisuelles. Les scientifiques ont donc étudié l’impact des actions mises en place sur ces 45 productions, mais aussi, la viabilité des critères proposés dans ce référentiel.
L’étude a été réalisée par des chercheurs provenant de :
LES LABORATOIRES DE RECHERCHE ASSOCIÉS A L'ÉTUDE
- L'IRCAV (Institut de Recherche en Cinéma et Audiovisuel; Université Sorbonne-Nouvelle) qui apporte une analyse des enjeux économiques et sociaux propres à une démarche d'éco-production. (Laurence Allard ; Laurent Creton)
- Le LIED (Laboratoire Interdisciplinaire des Energies de Demain, Université Paris-Cité) qui dépoloie une analyse physique et systémique des démarches d'éco-production.
- Le Master of Science : Stratégie et Design pour l'anthropocène (ESC Clermont) qui permet d'identifier les leviers de redirections environnementaux du secteur audiovisuel grâce aux initiatives entamées depuis ces dernières années. (Nathan Ben Kemoun ; Alexandre Monnin)
L'ADEME (Agence de la transition écologique) apporte un soutien scientifique et global aux enjeux environnementaux.
LES CHERCHEURS
- Laurent CRETON, chercheur à l'IRCAV et spécialise de l'économie du cinéma et de l'audiovisuel.
- Laurence ALLARD, chercheuse à l'IRCAV et spécialiste des écologies de la culture et du numérique en particulier.
- Nathan BEN KEMOUN, chercheur à l'ESC Clermont, ses recherches actuelles portent sur la sobriété et le devenir des mondes de l'art.
- José HALLOY, professeur en physique et spécialiste des sciences de la soutenabilité forte à Paris Cité.
- Alexandre MONNIN, professeur en redirection écologique à l'ESC Clermont.
L'étude d'impact sera présenté lors des Assises de l'éco-production le 12 décembre prochain.
Plus d'infos:
L’étude d’impact de l’éco-production s’attache à analyser l’impact organisationnel, sociologique, financier et environnemental des démarches éco-responsables dans le processus de fabrication d'œuvres audiovisuelles. Cette étude tente d’identifier quelques clés d’une démarche d’éco-production réussie mais aussi les freins, et les potentiels effets rebond afin d’accompagner et d’éclairer le secteur dans sa stratégie environnementale.
L’équipe de recherche s’est entretenue avec les équipes de 45 productions ayant testé les critères du Label Ecoprod avec un double objectif :
1/ Evaluer les critères du Label Ecoprod
L’équipe de recherche a pu évaluer les retours d’utilisation du Label et sa pertinence pour un très large éventail de typologies de productions audiovisuelles. Le corpus étudié est composé de :
- Longs métrages de fiction
- Courts métrages de fiction
- Fictions unitaires
- Séries fictions
- Longs métrages documentaires
- Documentaires unitaires
- Séries documentaires
- Magazines télévisuels
- Jeux télévisuels
- PublicitésFilms institutionnels
2/ Mesurer les impacts du déploiement de démarches d’éco-productions
Les entretiens se sont constitués de la manière suivante :
Les productions éco-responsables ont été étudiées à travers une série de questionnaires et d’entretiens avec l’équipe de recherche d’une durée moyenne de 2h30. L’objectif de ces entretiens était de dégager, à partir de questions quantitatives et qualitatives, les actions, gestes et pratiques d’éco-production mises en place de façon effective sur chacune des phases de la production (préparation, tournage, post-production), d’analyser le temps et le budget alloués à l’éco-production et enfin d’examiner le ressenti à l’égard de la démarche.
- La première partie de l’entretien porte sur les cadres de l’éco-production : budget, temps, et ressources humaines allouées à l’éco-production en tenant compte de leur répartition sur toute la phase de production (nombre de jours de préparation, de tournage et de post-production).
- La deuxième partie de l’entretien suit la trame existante du référentiel du Label ECOPROD. À partir de ce dernier, les chercheurs s’attardent sur les actions mises en place dans chacun des dix départements du référentiel et questionnent en détails ses différentes composantes :
- Production, communication, engagement
- Editorial
- Bureaux
- Lieux de tournage
- Décors, construction, accessoires de tournages
- Habillage Maquillage Coiffure
- Déplacements
- Régie
- Moyens techniques de production
- Post-production
Pour analyser les conséquences organisationnelles, budgétaires et environnementales des actions d’éco-production déployées, l’équipe de recherche analyse en détail les points suivants pour chaque département :
- Quelles ont été les actions mises en place pour réduire l’impact environnemental du film ?
- Quels ont été les coûts ou les économies induits par la mise en place d’une telle stratégie dans chacun des départements ?*
- Quel a été le temps·humain alloué à la démarche, et sur quels postes ?
- Quels sont les besoins et manques (organisationnels, logistiques, techniques etc) qui sont apparus lors de la mise en application de la démarche ?
- Quelles sont les conséquences environnementales des actions déployées par les productions?
Ces questions permettent d’avoir un aperçu global des effets d’une démarche d’éco-production en s’appuyant sur les retours d’expérience réels d’acteurs en transition, qui expérimentent de nouvelles manières de fabriquer et qui se donnent les moyens de s’adapter aux enjeux environnementaux.
Au niveau d’une production, l’étude tente d’identifier les cadres généraux pour réussir une démarche éco-responsable (temps, budget, ressources humaines, chaîne de décision etc) et d’évaluer les changements de pratiques nécessaires (identification des actions concrètes et analyse de leur mise en œuvre).
Au niveau sectoriel, l’étude examine la dimension environnementale du déploiement des démarches d’éco-production : analyse des effets rebonds ou pervers de certaines pratiques, l’adéquation des mesures adoptées pour atteindre les objectifs environnementaux globaux.
LABORATOIRE DE REHCERHCE ET EQUIPE MULTIIDISCIPLINAIRE :
IRCAV-Paris Sorbonne Nouvelle
Les recherches développées dans le cadre de l'IRCAV-Paris Sorbonne Nouvelle couvrent l'ensemble du domaine cinématographique et audiovisuel, du cinéma des premiers temps aux productions numériques, du cinéma de fiction au documentaire, du film de famille au cinéma expérimental, de la télévision à la vidéo, de la photographie au téléphone mobile, de la publicité aux créations destinées aux musées et galeries d'art. Elles relèvent de plusieurs disciplines, notamment l'esthétique, l'histoire, l'économie, la sociologie, le droit, l'anthropologie, les études culturelles, la sémiologie et la communication.
Msc Stratégie et Design pour l’Anthropocène (ESC Clermont-Lyon/Strate collège-Lyon)
La formation est dédiée à tous les acteurs qui souhaitent agir concrètement au sein des organisations et des institutions pour repenser et rediriger les modèles économiques ou managériaux, les infrastructures technologiques, les systèmes de production et de logistique, ou encore les innovations, dont on sait qu’elles ne pourront être pérennes et dont nous devons apprendre à hériter, en vue de les « faire atterrir » et de réaliser les arbitrages qui seront nécessaires, entendu que tout ne pourra pas être maintenu en l’état à travers l'épithète "vert" ou "durable" pour ce qui altère et menace aujourd’hui l'habitabilité de la terre.
Laurence Allard est maîtresse de conférences en science de la communication et chercheuse à l’IRCAV-Université Sorbonne Nouvelle et enseigne en études culturelles à l’Université de Lille. Ses travaux de recherche portent sur les relations entre culture numérique et écologie, du point de vue de la sobriété numérique, des low tech et de la “digging culture”. Dernier ouvrage paru “Écologies du smartphone” avec Alexandre Monnin et Nicolas Nova, ed. Le Bord de l’Eau, 2023.
Nathan Ben Kemoun est docteur en sciences de gestion, enseignant-chercheur en redirection écologique et design à l’ESC Clermont Business School. Ses travaux de recherche portent sur les formes de vie, les loisirs et les usages du plaisir caractérisés par une recherche de sobriété (matérielle et technologique) n’excluant pas la question des attachements des publics aux infrastructures existantes. Avec le concept de “suffisance intensive”, il explore l’émergence de formes de vie et d’enquêtes vitales nourries par une recherche d’intensification soutenable des manières d’habiter la terre, les possibilités de vie restantes dans un monde abîmé, où s’épuisent des possibles qui augmentent la nécessité de libérer des possibilités latentes d’existence.
Laurent Creton est professeur des universités à Paris III, Sorbonne Nouvelle, spécialisé notamment en management stratégique, gestion de l’innovation et économie de la filière cinématographique et audiovisuelle. Laurent Creton intègre la direction de l’IRCAV (Institut de Recherche sur le Cinéma et l’Audiovisuel) en 2003 avant de devenir, en 2015, président du Conseil académique et vice-président de la commission de la recherche de la Sorbonne Nouvelle.
José Halloy est professeur des universités à Paris-Cité où il y enseigne la physique, les principes de science soutenable et de soutenabilité forte. En 2013, José Halloy co-fonde le LIED (Laboratoire Interdisciplinaire des Énergies de Demain) où il y développe une recherche interdisciplinaire incluant les sciences sociales, la soutenabilité des matériaux et la production d’énergie dans le cadre d’un « système terre ».
Alexandre Monnin est professeur à l’ESC Clermont Business School, où il y fonde en 2020, avec Emmanuel Bonnet et Diego Landivar, le Master of Science « Stratégie et Design pour l’anthropocène » centré sur l’apprentissage de protocoles d’enquêtes en faveur d’une redirection écologique des organisations, des institutions et des collectivités territoriales. Titulaire d’un doctorat en philosophie de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, ses travaux de recherche récents interrogent les possibilités et modalités de renoncements justes et démocratiques face à l’anthropocène. Les enquêtes des étudiant.es du MSc sont réalisées auprès de municipalités, de territoires ou d’entreprises, et visent à les accompagner dans une redirection soutenable, intelligente et sensible de leurs activités.